Les Rails du RAJ - Le Mag Voyageurs du Monde

Inde

Les Rails du RAJ

Publié 21 oct. 2025

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En Inde, le train incarne à la fois la diversité et l’unité du pays. Il permet la rencontre et la rêverie contemplative. Au cœur de cette aventure, l’atmosphère des gares indiennes si tumultueuses, et la fantasmagorie du Rajasthan d’antan, peuplé de palais fastueux et de princes maharajas.

 

@Anika BUESSEMEIER/LAIF/REA

 

L’Inde compte parmi les grandes nations ferroviaires. Son réseau ferré est l’un des plus étendus au monde. Le train emmène partout, et les Indiens sont plus de 23 millions chaque jour à embarquer à son bord. Ils empruntent le rail pour leurs trajets quotidiens, comme pour les déplacements spéciaux – pèlerinages, célébrations – qui rythment la vie spirituelle indienne. Prendre le train en Inde est forcément une expérience immersive qui raconte le pays dans toute son énergie et toute sa diversité. Des banquettes en bois des classes économiques aux wagons luxueux, on y rencontre tous les Indiens, du plus humble paysan jusqu’au ministre. Voyager en train, c’est aussi regarder l’histoire par la fenêtre : avec les paysages défile l’aventure de la vapeur indienne, intimement liée à la période de l’Empire britannique des Indes, mais aussi à celle de l’indépendance – on se souvient des campagnes du Mahatma Gandhi, menées en train et en troisième classe. À travers le Rajasthan, ce sont également d’autres pans de l’histoire indienne qui se rappellent à notre mémoire : celle des cités impériales, des princes maharajas et des marchands marwaris.

Circulation folle et cris des klaxons : à la descente de l’avion, Delhi ressemble à toutes les mégalopoles du monde – si ce n’est l’explosion de couleurs, qui saisit immédiatement. Ensuite, c’est un patchwork de monuments impériaux moghols, d’avenues verdoyantes datant du Raj, de nouveaux quartiers résidentiels où les classes moyennes se construisent un avenir, de villages branchés, repaires de designers indiens, français ou new-yorkais. Il y a des demeures immaculées devant des pelouses impeccablement tondues, des palaces aux boiseries d’acajou. Il y a des bazars aux ruelles encombrées de vaches, d’ânes et de chiens, des mosquées de marbre, des mausolées et des temples jaïns, des boutiques de créateurs et des fab lab, des disquaires et des galeries d’art. Ses 25 millions d’habitants lui insufflent son énergie : Delhi incarne l’Inde en marche.

@Olivia Spencer/ KIntzing

 

De Delhi au Taj Mahal en 1h30

Et c’est l’Inde en marche accélérée dont on fait l’expérience en empruntant le train le plus rapide du pays, inauguré en 2016. Avec ses 160 km/h, le Gatimaan Express Superfast Train abolit la distance entre Delhi et Agra (200 kilomètres). Quintessence de la tradition architecturale moghole, le Taj Mahal est une prouesse technique qui témoigne de l’engouement des princes du XVIIe siècle pour les mathématiques, la géométrie et l’astronomie.

Le mausolée immaculé, cerné de jardins, saisit par sa symétrie parfaite, et ses lignes pures reflétées par les bassins. Là où Delhi avait séduit par son désordre vibrant, le Taj Mahal impose un monde où tout semble à sa place, où l’harmonie triomphe.

Le train pour Jaipur, lui, prend son temps, comme pour faire apprécier aux voyageurs le passage des plaines fertiles du Gange aux terres ocres du désert rajasthani. Les champs de canne à sucre cèdent peu à peu la place à des étendues sablonneuses. Les arbres se raréfient, et la végétation se réduit à des buissons épineux et des acacias noueux. Le train traverse des villages, où la vie bat son plein. Des enfants courent pieds nus, saluant les voyageurs, des femmes en saris flamboyants s’affairent à trier des grains devant leur maison. Et à mesure que l’on s’approche de Jaipur, des bâtiments en grès rose se profilent, des bazars improvisés se pressent contre les rails, avec leurs étals chargés de fruits et de guirlandes de fleurs. Le tumulte des rues envahit déjà l’air, une cacophonie de rires et de moteurs. À l’arrivée en gare, le soleil, bas dans le ciel, frappe les wagons bleu vif. Les ombres s’étirent, les couleurs s’intensifient. Le monde semble baigné dans une lumière poussiéreuse.

@Lucy Laucht

 

Jaipur, entre rose caramel et fraise écrasée

Du haut du Nahargarh Fort, ou “fort du Tigre”, la ville se déploie, maisons aux toits plats, serrées les unes contre les autres, à perte de vue. Jaipur est née de la volonté d’un monarque éclairé. Jai Singh II (1699-1743), féru d’astronomie, a dessiné le plan de sa cité idéale, inspiré du zodiaque indien. Inaugurée en 1733, c’est ainsi la première ville du pays dotée d’un plan d’urbanisme. Il la voulait rationnelle, fonctionnelle, avec des rues et de larges avenues se coupant à angles droits, permettant ainsi la circulation et l’échange. Elle est clameur et mouvement.

Dans les rues grouillantes de vie, les vieilles Ambassador blanches slaloment entre les vélos, les vaches et les rickshaws. Partout, les édifices exhibent leurs teintes ocre – “rose caramel” pour Rudyard Kipling, “fraise écrasée” selon Mark Twain. Au cœur de la ville, le Palais des vents s’élève comme une dentelle de pierre. Sa façade dessine une couronne de Krishna. Ciselée de 953 fenêtres étroites, elle dissimulait autrefois la vie secrète du harem de la cour rajput : les femmes de la famille royale, soustraites aux regards des hommes, s’y réunissaient pour observer la vie, les rues, le marché.

À Jaipur, on voit aussi l’observatoire édifié par le prince astronome, lecteur de Ptolémée et Euclide. Dédié à la mesure à l’œil nu de la position des astres, c’est un émouvant ensemble de cadrans solaires, compas, sextants surdimensionnés, formant édifice. Un peu plus loin, accroché à la montagne, le fort d’Amber : à la sortie d’une route en lacets, l’ancienne place forte des maharajas, délaissée par Jai Singh II, semble suspendue hors du temps. Une dentelle de pierre, orné de marbre, d’or, de mosaïques, dont les motifs se confondent avec ceux des joailliers de Jaipur, qui fournissent en gemmes précieuses les maisons de la place Vendôme.

Alors que Jaipur s’ébroue dans la lumière du petit matin, la brume adoucit les lignes de la gare, inspirées de celles de l’architecture rajput. Les trains de nuit déversent une vague de passagers qui se mêlent à ceux qui s’apprêtent à partir. Certains, emmitouflés dans des châles, attendent leur train en sirotant un chai vendu par les vendeurs ambulants. D’autres se hâtent, portant leurs valises, pour attraper les premiers départs.

@Lucy Laucht

 

L'éclat de cobalt de Jodhpur

Le train s’ébranle en direction de Jodhpur. La ville rose s’estompe. Les paysages se font de plus en plus secs. À l’horizon, les collines rocheuses des Aravalli se découpent sous un ciel infiniment vaste. Çà et là, des villages cernés de haies d’acacias et de cactus ponctuent l’aridité de murs blanchis à la chaux. Au fil de l’avancée du train, le désert du Thar s’affirme. Les bergers mènent leurs troupeaux de chèvres sous un soleil incandescent, à son zénith. Au loin, des silhouettes élancées de chameaux montés par des hommes coiffés de turbans.

À chaque halte, de jeunes garçons montent à bord pour vendre samoussas ou chai, dans les effluves doux-amers des épices. Bientôt, la ville de Jodhpur se dévoile dans un éclat cobalt : ses maisons bleues s’étagent à flanc de colline sous l’ombre massive du fort de Mehrangarh, forteresse de grès “construite par des anges et des titans” (Kipling, toujours). Labyrinthe de petites ruelles, camaïeu du turquoise à l’indigo, la vieille ville est vivante, tonitruante, rugueuse parfois.

Les marchés débordent sur les rues, où se croisent piétons, motos et rickshaws – musc, rose, jasmin et santal, saris et broderies. Ensuite, il faut emprunter la route pour rejoindre Udaipur. En chemin, on peut faire halte à Ranakpur. Solitaire, en pleine campagne, le temple est un éblouissant joyaux de marbre blanc, tout en dentelle de pierre polie – le plus beau des temples jaïns de l’Inde. Ses 84 chapelles et 24 dômes s’organisent selon un plan cosmogonique figurant la création de l’univers. Les jeux de lumière et d’ombre animent une forêt de 1 444 colonnes sculptées de motifs floraux. On quitte son enceinte – un havre, où les dévots marchent pieds nus sur le sol de marbre frais pour rejoindre Udaipur.

Loin du tumulte des autres cités du Rajasthan, la ville, avec ses 500 000 habitants, fait figure de bourgade. Nichée au cœur des collines, elle s’alanguit en bordure de ses lacs. Les lignes élégantes de ses palais et ses paysages aquatiques s’entrelacent pour créer un lieu qui semble tout droit sorti d’un rêve.

 

Photographie de couverture : @Matthieu Paley

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