Culture

« J’ai vu à Cuba la Chine d’il y a 30 ans »

« J’ai vu à Cuba la Chine d’il y a 30 ans »

Li Kunwu était samedi 2 juin à la librairie Voyageurs du monde pour dédicacer son carnet de voyage Cuba aux éditions Louis Vuitton. Comme on n’a pas tous les jours l’occasion d’interviewer l’un des plus grands dessinateurs chinois contemporains, nous ne nous sommes pas privés !

 

Vous êtes autodidacte. Comment êtes-vous venu au dessin ?

A l’époque, en Chine, il n’y avait pas les mêmes possibilités d’études qu’aujourd’hui. Mon père et ma mère n’en avaient pas fait beaucoup. Un jour, j’ai vu des amis dessiner sur un mur, je me suis demandé ce qu’ils faisaient, ça avait l’air rigolo. J’ai commencé à les imiter, à dessiner sur les murs. Ils dessinaient une voiture, je dessinais une voiture, ils dessinaient un cheval, je dessinais un cheval. C’est comme ça que j’ai commencé. Plus tard, en 1967, au moment de la Révolution Culturelle – j’avais 12 ans – je me suis mis à faire des dessins de propagande et j’ai continué à en faire autant en tant que soldat-dessinateur lorsque j’ai intégré l’armée...

 

Pour ce carnet de voyage Vuitton, ce qui frappe d’emblée, c’est l’apparition de la couleur dans une œuvre largement dominée par le noir et blanc. Pourquoi cette évolution ?

C’est vrai que d’habitude, j’ai tendance à travailler en noir et blanc mais lorsque je suis allé à Cuba, que j’ai vu les couleurs et la vie qu’il y avait là-bas, je me suis dit que c’était impossible de ne pas utiliser la couleur. Ça tombait bien : c’était également une demande de Louis Vuitton ! Le carnet de voyage devait être au moins à 50 % en couleur.  Pour moi, ça a été un vrai défi !

Néanmoins, si vous regardez bien certaines doubles-pages comprenant un dessin en noir et blanc et un autre en couleur, vous constaterez l’influence du noir et blanc dans mon utilisation de la couleur, par exemple dans le travail sur les ombres.

Double page d'illustration

Li Kunwu Travel Book Cuba, collection Travel Books, Louis Vuitton, 2018

Vous avez fait un carnet de voyage dessiné. Si vous deviez mettre des mots sur cette expérience que diriez-vous ? Quel est votre regard sur le Cuba que vous avez visité ?

C’est une question qu’on m’a souvent posée depuis la parution de mon carnet de voyage ! Evidemment, ce qui marque, ce sont les paysages naturels, l’architecture et la vie. Mais le plus important pour moi, ce qui m’a le plus touché, ça a été de voir à quel point les Cubains sont fidèles à leur tradition, à leur pays. Peut-être ai-je été d’autant plus sensible à cela parce que la Chine a  beaucoup changé ces dernières décennies. J’ai vu à Cuba la Chine d’il y a 30 ans.

Un grand merci à Li Kunwu et à Geneviève Clastres, agent et interprète de l’auteur, qui  s’est occupée de la traduction.


 

 

Par

LES LIBRAIRES VOYAGEURS DU MONDE

 

Photographie de couverture

GENEVIEVE CLASTRES