Costa Rica

Costa Rica, la pura vida !

Costa Rica, la pura vida !

Mais pourquoi écrit-on LE Costa Rica ? Dans ce petit état grand comme la Suisse il y a tant de pays différents : une Caraïbe exubérante, un Pacifique de carte postale, une chaine de volcans, les montagnes des Alpes, des forêts primaires, une jungle équatoriale, des marais façon Amazone. Sans compter des ranchs, des cascades, des villes coloniales, des vallées heureuses où tout pousse comme dans un jardin d’Eden. Nul doute possible : ce pays est multiple. A découvrir toutes affaires cessantes.

Alexander Konsta

Il serait injuste de ne pas parler du peuple du Costa Rica. Tout d’abord avouer qu’un pays sans armée est déjà sympathique. D’autant plus dans cette Amérique centrale turbulente entourée de bouillants voisins. Portons au crédit du peuple Ticos (c’est son surnom) le choix de la démocratie quasiment depuis l’indépendance en 1821 ! Sans compter la suppression de la peine de mort en… 1882. Un siècle avant la France ! Par un général de surcroît ! Le budget de l’armée a été aussitôt consacré à l’éducation. Il n’y a quasiment pas d’analphabètes au Costa Rica (2%). On l’aura compris : voici un pays de gens civilisés, respectueux, militants pour la paix et la préservation de la nature. Comme ils sont aussi hispaniques les Ticos n’ont rien perdu de la jovialité sud américaine. Enthousiastes, parlant haut et fort, ils accueillent le voyageur en ami, ayant compris depuis longtemps que le tourisme est essentiel à leur indépendance économique.

Jean Claude Moschetti

Ne parler que des fabuleux paysages du Costa Rica ne serait pas juste non plus. Il y a la faune aussi. Et la flore. 6% de la bio diversité de la Terre se retrouve au Costa Rica, alors que le pays ne « pèse » que 0.03% de la superficie de la planète.  Avec 27% de sa superficie en réserve naturelle c’est un autre record. Cette combinaison de gens éduqués, pacifiques, de paysages somptueux, de flore exceptionnelle a permis l’invention de l’éco-tourisme dès le début des années 90. Des pionniers.

Womo

Tournons ensemble les pages de ce pays dont 85% des habitants se disent heureux. A tout bout de champ ils le répètent : « pura vida ». San José : porte d’entrée obligatoire pour le voyageur européen. Sans doute pas la plus belle ville d’Amérique centrale mais peut être celle où le climat est le plus agréable. A 1200m d’altitude il y fait toujours doux. On y visite, entre autres, le marché central et le marché aux charrettes, le musée de l’or. Le théâtre national qui ressemble à la Comédie française doit beaucoup à Sarah Bernard. Elle refusa de venir jouer à San José pour cause de salle vétuste. Piqués au vif, les barons du café firent construire ce splendide théâtre où la diva ne vint jamais pour autant. Tout autour de la ville, les plantations de café grimpent à l’assaut des collines, les maculant de vert si intense qu’elles en deviennent bleues.

La vallée centrale est dominée au loin par les volcans dont le Poas et l’Irazu, réputés actifs mais endormis depuis quelques dizaines d’années. La végétation est une explosion de verdure enchanteresse. On traverse de petits villages paisibles avec leurs maisons de bois peintes de couleurs vives. L’antique charrette à bœufs bariolée trône dans les jardins, parfois une véritable œuvre d’art. Les églises ressemblent à des missions mexicaines. Les monuments sont en style néo quelque chose, pas toujours bien défini d’ailleurs ce qui en fait le charme. Plus haut, on arrive aux cratères. Paysages lunaires, ils renferment des lacs aux eaux vertes ou turquoise. Depuis l’Irazu on voit, aux beaux jours, les deux côtes de l’Amérique, Caraïbe et Pacifique. On en oublierait presque les cascades, les torrents, les sources chaudes, les rivières propres au rafting, les tyroliennes pour jouer à Tarzan, les orchidées dont plus de 1400 espèces foisonnent ici, dans ce petit paradis.

Parc National Volcan Irazu par Celso Diniz

A peine le temps de profiter et voici le volcan Arenal : rien à envier au Mont Fuji, c’est le cône parfait. Régulièrement en éruption il est surtout spectaculaire de nuit quand un bouquet orange illumine le ciel étoilé et que les explosions des bombes de lave tonnent dans le silence. Quand il n’est pas actif on y voit des Ovnis. Finalement pourquoi pas ? Au pied du volcan le lac homonyme est un petit paradis pour les pêcheurs et les windsurfeurs. La forêt de nuages de Monteverde perpétuellement embrumée est une sorte de monde de conte de fées, tapissée de fougères et des gunneras, ces parapluies du pauvre dont une seule feuille peut abriter une famille entière. Elle est traversée par de jolis torrents dont le bruissement de l’eau n’arrive pas à couvrir le vacarme de la vie débordante dans les grands arbres. On survole la canopée, on franchit les rivières sur des ponts de liane, on se jette dans le vide d’un arbre à l’autre. Pas étonnant que tant de monde s’y bouscule. Pour plus d’intimité préférons donc le parc du Rio Celeste aussi brumeux, aussi feuillu, traversé par une rivière d’une couleur bleue intense qui fit dire à un poète : » ici Dieu a nettoyé ses pinceaux après avoir peint le ciel ». Comble de bonheur la rivière se fend d’une splendide cascade et de sources chaudes baignables. Au-dessus de la forêt tropicale humide les trois cônes du volcan se dressent à 1 916 m d’altitude. Peu visité, car hors des routes principales, le rio Celeste est un vrai coup de cœur.

Rio Celeste par Tuulimaa 

Ne serait-il pas temps de rejoindre une côte ? Caraïbe ou Pacifique ? Caraïbe et Tortuguero bien sûr. Un entrelacs de canaux striant les marais, découpant une végétation incroyable mi-mangrove, mi jungle amazonienne. On vient ici pour les tortues. Elles pondent sur les plages en été, bien protégées de leurs prédateurs. Tortuguero c’est aussi un condensé de la faune et la flore costaricaine. Dans les branches les paresseux paressent, les singes hurleurs sautent en criant ; entre les racines les iguanes s’agitent, dans les eaux nagent tarpons et lamentins ; les caïmans veillent d’un œil vitreux. Sur les rives les aigrettes et hérons se poussent du col, les toucans au bec jaune croisent les aras verts. Il y aurait même des jaguars et des ocelots. Un parc certes fréquenté mais incontournable. Plus bas sur la côte, point de « resorts » à l’américaine, des petits lodges des bungalows aux murs chaulés et aux toits de palme. Mer calme, plage de sable gris, filaos, rythmes reggae, toute la langueur de la Caraïbe si propice au farniente, un bonheur simple de vacancier.

Parc national de Tortuguero par Dieter Telemans

Le Pacifique et la Péninsule d’Osa forcément. Avant de plonger dans les rouleaux de l’océan une halte obligée : le parc Manuel Antonio. Certes immensément populaire, souvent bondé (c’est le plus petit parc du pays) mais tellement beau. On y trouve les plus belles plages de chaque côté d’un tombolo sublime, une végétation luxuriante et les singes les plus effrontés. Plus loin- on ne se lasse pas des parcs nationaux-  celui consacré aux quetzals. L’oiseau resplendissant dont les plumes ornaient le manteau de l’Aztèque. A pister auprès d’un avocatier dont il mange les fruits et recrache les noyaux. Enfin le Sud Ouest ! Baia Drake et le splendide Golfe Dulce. Loin, très loin du tourisme de masse on vit ici au rythme du Costa Rica d’autrefois entre jungle épaisse bordant l’océan cristallin et paisibles villages de pêcheurs. Le parc national du Corcovado qu’on atteint par bateau est la quintessence des parcs du pays, hordes en moins. On y trouve la quasi-totalité de la faune endémique, les oiseaux les plus colorés, les singes les plus agiles en concert perpétuel sans jour de relâche.  Au large de Baia Drake baleines et dauphins jouent à saute moutons avec les vagues. A Pavones les surfeurs qui trouvent là une des meilleures vagues du monde attendent The Big One sur la plage, canette de bière (Impérial délicieuse) en main et prévisions météo sur le smartphone. On se délecte de levers de soleil de matin du monde sur le golfe Dulce, le bien nommé à l’abri du vent. On y trouve aussi les plus beaux crépuscules à l’Ouest sur l’océan. Entre les deux : « pura vida » comme ils disent.

« La végétation est une explosion de verdure enchanteresse. On traverse de petits villages paisibles avec leurs maisons de bois peintes de couleurs vives. »

par Michel-Yves Labbe