Publié 16 sept. 2025
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Longtemps cantonnée au rang de porte d’entrée vers d’autres pays d’Asie, la mégalopole malaisienne a entamé ces dernières années une mue urbaine dont l’intérêt dépasse largement la cime de ses emblématiques tours Petronas. Nouvelle tête d’affiche : le quartier réhabilité de Chinatown, terreau de repaires festifs, et celui de Bukit Bintang où résonne un vif appétit pour la culture contemporaine. Adossée à la nature généreuse du pays et à son caractère multiethnique, KL a décidément de quoi séduire.
07h30
Réveil perché dans un cocon de béton brut. Au pied du lit : un chevalet, des tubes de couleurs, des éclaboussures bleues sur le tapis. Un loft d’artiste à Brooklyn ? Tirer le rideau pour en avoir le cœur net. Sur la skyline qui s’étire dans l’aube pâle, les écrans géants célèbrent le Nouvel An chinois qui approche. Devant la porte, une végétation luxuriante dégringole jusqu’à la piscine. Installé dans le quartier en pleine mutation de Bukit Bintang, le KLoé hotel a eu la bonne idée de maquiller une poignée de suites en lofts thématiques : Celui qui peint, Celui qui écoute (ici, les tubes sont des vinyles), Celui qui lit, Celui qui cuisine, Celui qui jardine (destiné aux mains vertes). Premier café. Les addicts du shopping trépignent jusqu’à l’ouverture (à 10h) du Pavilion, luxueux mall comptant près de 400 enseignes. Les inconditionnels du marché asiatique, eux, filent au Chow Kit, compléter la palette chromatique (rouge piment, jaune curcuma, vert citron) dans l’air chargé du parfum doux des feuilles de pandan, et celui, brutal, des durians.
09h00
Depuis les hauteurs de Robson Heights, la ville déroule son patchwork. Assemblage de maisons vétustes, de gratte-ciel et de végétation luxuriante. Rien n’indique que le détroit de Malacca se trouve seulement 40 kilomètres plus à l’ouest. On s’étonne donc de trouver, au sommet de cette colline, un temple dédié à la déesse Mazu, grande protectrice des marins. Sous ses imposantes pagodes de tuiles vernissées, à l’ombre de ses colonnes, le temple de Thean Hou reflète la présence importante de la diaspora chinoise en Malaisie depuis le XVe siècle, arrivée par la mer, notamment depuis l’île d’Hainan. L’édifice à six niveaux marque au passage la cohabitation habile du bouddhisme, du taoïsme et du confucianisme dans un pays majoritairement musulman où l’hindouisme tient lui aussi une place importante.
Olivier Romano
11h00
La singulière capacité de la Malaisie à faire cohabiter les communautés religieuses se transpose naturellement dans le domaine artistique. Démonstration à la galerie Wei-Ling qui réunit des artistes internationaux (Roger Ballen, Amin Gulgee, James Bridle) et dans son double, la Wei-Ling Contempory, les œuvres plus expérimentales d’artistes régionaux (Choy Chun Wei, H.H. Lim). Le lieu, conçu par l’architecte Jimmy CS Lim, est une installation à part entière. Autre exemple de l’éclectisme de KL au Zhongshan Building, dans le quartier voisin de Kampung Attap. Ici, les shophouses des années 50 ont été converties en un hub créatif qui rassemble artistes, designers, musiciens, artisans. D’un étage à l’autre, on découvre studios, galeries (The Backroom), librairies et disquaires indépendants. Une synergie rafraîchissante qui participe au renouveau du quartier.
Olivier Romano
13h00
Dans le quartier émergent de Bukit Bintang, derrière la façade blanche d’une maison coloniale de Jalan Sin Chew Kee, le restaurant Bōl rend hommage à la culture Peranakan – communauté née du mariage entre émigrants chinois et population malaisienne. Le chef singapourien autodidacte Kian Liew et son ami Patrick Hong livrent un menu unique et saisonnier qui s’inspire de cette cuisine nyonya, à travers un prisme contemporain. La salle à manger fait penser à une maison d’amis. Parquet de bois ancien et murs sauge tapissés de motifs floraux évoquent la relation importante aux richesses naturelles de la péninsule malaise. Les trésors végétaux (padan, citronnelle, fleur de gingembre), le rempah (pâte d’épices), le Gula Melaka (sucre de palme) composent les fondements d’une cuisine ancestrale basée sur la complexité entre saveur, consistance et douceur. L’équilibre est maîtrisé ici avec une extrême délicatesse.
Olivier Romano
15h00
Un kilomètre les sépare. Depuis les tours Petronas, totems de verre et d’acier symbolisant le développement fulgurant de la mégalopole dans les années 90, il suffit de marcher quinze minutes et d’enjamber la rivière Klang pour reculer d’un siècle. Figé au pied de la skyline, le village musulman de Kampung Baru est le témoin vivant de ce qu’était la vie malaise au siècle dernier. Sous leurs toits de tôle, des maisons en bois centenaires, posées sur pilotis, témoignent des origines javanaises et sumatranaises de leurs premiers occupants. Les jardins croulent sous les manguiers et les tamariniers. Le calme est à peine rompu par le ronron des deux-roues et l’agitation des poulaillers. Autour de la mosquée, seul bâtiment modernisé, la vie s’anime. Ainsi bat le rythme tranquille de Kampung Baru depuis cinq générations. « Mon grand-père, mes parents avant moi ont toujours vécu ici, nous avons vu les buildings pousser. » témoigne Fuad, un habitant qui guide les voyageurs curieux. « Le soir, je m’installe sur ma terrasse face à la ville et j’espère que mes enfants préserveront notre village. » Un espoir soutenu par le statut officiel de ces terres agricoles, propriété des 18 000 habitants du quartier.
Olivier Romano
17h00
Retour au XXIe siècle, dans le parc Taman de KLCC. Les enfants jouent autour des fontaines, les joggeurs s’essoufflent et les voyageurs se perdent dans les 380 boutiques du Suria KLCC avant un nouveau rendez-vous artistique à Bukit Bintang. Installé dans un bâtiment moderniste des années 50, l’UR-MU (Urban Museum) marque le point de rencontre entre art contemporain et architecture patrimoniale. Le musée, né de la volonté et de la collection privée de l’architecte Tan Loke Mun, disperse les œuvres sur dix galeries thématiques, une série de sculptures installées sur le toit-terrasse et un jardin balinais, hommage au paysagiste australien Made Wijaya. Installée dans le salon Art Déco, une imposante toile aux influences pop, signée par l’artiste local Kide Baharudin, illustre l’esprit du lieu. L’expérience du UR-MU se poursuit à travers deux autres antennes : @Toffee, installé à Raja Chulan (réunissant 200 œuvres régionales) et le +n by UR-MU, situé à Chinatown, version la plus contemporaine qui propose également des évènements musicaux.
19h00
Entamée depuis 2018, la restauration de Chinatown en a fait l’un des quartiers les plus attractifs du moment. Sauvés de la démolition, les anciens entrepôts des années 30 hébergent désormais boutique-hôtels et toits-terrasses sur lesquels se poser pour boire un matcha. Jour et nuit, Petaling Street déroule son marché où déguster du bout des doigts mochis au sésame noir et (avec des gants !) le déroutant durian, fruit crémeux déconseillé aux âmes sensibles. On se réfugie dans les étages du RexKL, flânant entre librairie géante et friperies vintage. À la nuit tombée, les lumières tendres de la ruelle Kwai Chai Hong, point de départ de la résurgence du quartier, focalisent l’attention. Sur les murs décrépis de cet ancien coupe-gorge, des fresques photogéniques racontent la vie du quartier dans les années 50.
Olivier Romano
21h00
Sans quitter Chinatown, on prend un peu de hauteur au Upper House, sous l’imposante silhouette de la tour Merdeka 118, deuxième plus haut édifice du monde (après le Burj Khalifa de Dubaï) culminant à 679 m. Près de 15 000 personnes y transiteront bientôt chaque jour. Sa silhouette zèbre la nuit. Dans les assiettes : tacos de mangue et d’avocat jonglent avec le bœuf wagyu. KL by night offre ensuite deux options. Toujours plus haut, viser la crête de KLCC. Au 51e étage du Sky 51 par exemple, vertigineux nid d’aigle posé face aux éblouissantes Petronas. À l’opposé, Chinatown, toujours et encore, propose une quête du discret. Objectif : trouver au fond d’une échoppe de thé, dans les étages d’un ancien entrepôt ou derrière la vitrine d’un magasin de jouets anciens, l’entrée secrète d’un speakeasy. Des bars faussement clandestins, tapis dans une pénombre stylisée. Une faune cosmopolite vient s’abreuver ici d’élixirs spiritueux relevés avec tact de poivre du Sarawak, goyave verte, feuilles de pandan et autres trésors malais. Un KL à savourer par le palais.
Olivier Romano
Par
BAPTISTE BRIAND
Photographie de couverture : Olivier Romano
Parce que ce petit pays, partie péninsulaire, partie Kalimantan (sur Bornéo), ne l’est pas tant que ça. Parce qu’il se suffit à lui-même, mais se combine aisément à d’autres. Parce que, de plages de sable fin en montagnes aigües, de vieilles cités marchandes, ainsi Penang, à des villes universalisées, voyez Kuala Lumpur, il y a des mondes à découvrir. Parce qu’il se parcourt aussi bien en train. Voyageurs sait créer à partir de tout cela le voyage en Malaisie qui vous ressemble – et vous donne tous les moyens utiles pour en profiter : itinéraires choisis, adresses exclusives, contacts sur place, guides triés sur le volet, etc.
Faites créer votre voyageConseils pratiques, témoignages et inspirations pour bien préparer son voyage
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