Thaïlande

La Thaïlande d’île en île

La Thaïlande d’île en île

Il y a peu de solitude dans les îles accessibles de Thaïlande, il faut le prendre en compte. En termes de monde, la jauge va d’énormément - Phuket - à raisonnablement - Koh Kut, par exemple. Et, allez, dans quelques coins discrets, à presque pas. Partout des conditions paradisiaques, partout des élus pour en profiter. C’est ainsi que la Thaïlande d’île en île distribue les voyageurs, selon qu’ils cherchent ceci ou cela, des soirées électro on the beach, des tête-à-tête avec la mer, des récifs de corail vivant, des villages de pêcheurs pêchant, des hôtels soignés…

 

  1. Koh Tapu
  2. Phuket
  3. Koh Samui
  4. Koh Samet
  5. Koh Kut
  6. Koh Phra Thong
  7. Koh Yao Noi
  8. Koh Similan

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Koh Tapu

On ne la regarde plus que de loin, mais cette dent de calcaire piquée dans la mer d’Andaman est tout de même spectaculaire. Et célèbre. Depuis The Man with the Golden Gun - 1974 - c’est James Bond Island. Il est difficile désormais de la voir dans son simple appareil minéral, avec sa tignasse de plantes sauvages : elle est toute nimbée de gloire cinématographique. Les dévots de l’agent 007 se sont empressés à ses abords par bateaux entiers, si bien que, comme toutes les icônes, elle subit l’usure du culte. Et que les autorités du parc naturel d’Ao Phang Nga, pour la préserver, en ont interdit l’approche. C’est égal, de Khao Phing Kan, on en contemple à loisir l’équilibre miraculeux. Et elle retrouve, à être inaccessible, une part du mystère dont l’entourait Francisco Scaramanga.

Koh Tapu ile de Thailande

Jule Berlin/Getty Images/iStockphoto

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Phuket

Phuket est la grande île de la côte ouest. Et elle pose un problème qui laisse perplexe, celui du paradis de masse. Patong Beach, dans la partie occidentale de la province insulaire, est l’un des abcès de fixation du tourisme international. En un sens, on admire que la beauté naturelle de l’île ait les reins assez solides pour supporter ça. C’est, à y regarder de près, que les plusieurs millions de visiteurs annuels en temps de paix sanitaire cantonnent essentiellement dans les secteurs périphériques, au bord des plages. La montagne reste peu fréquentée et réserve aux voyageurs aventureux - ceux qui y vont quand même - de belles surprises sous couvert tropical (dans le nord, un secteur protégé de forêt pluviale : Khao Phra Thaeo). Et le littoral lui-même offre encore des portions de sable respectées, comme Hat Nai Han ou Hat Nai Yang. Il ne faudrait pas grand-chose après tout pour rendre le goût de Phuket. Un peu de discernement de la part de tous.

Phuket

OlegD / Fotolia

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Koh Samui

Comme un pendant de Phuket dans la mer d’Andaman, est Koh Samui dans le golfe de Thaïlande. Plus raisonnable sans doute dans l’exploitation de ses ressources édéniques (sable blanc, mer turquoise, cocotiers balançant leurs palmes dans la brise) et un peu retranchée dans son quant-à-soi montagnard. Qu’y fait-on ? On se laisse porter par le désir du moment. Beach club peut-être, ou piscine, ou marché, ou sortie en mer, ou… On verra. Le rythme de la vie thaïe ici n’a d’ailleurs rien à voir avec la pulsation de Bangkok. Le voyageur flâne, va chercher le frais aux cascades de Na Muang et Hin Lad, se coule dans le quotidien de l’île. Il peut encore avoir des plages presque pour soi, comme Mae Nam, ou celles de Koh Pha Ngan, située juste au nord de Samui. Bien entendu, pour la sérénité, on évitera soigneusement les fêtes de pleine lune et leurs débordements multiples mais, pour la ribouldingue fluo et le bucket…

Koh Samui

flocu/Getty Images/iStockphoto

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Koh Samet

A 200 kilomètres de Bangkok, Koh Samet, golfe de Thaïlande, province de Rayong, est un paradis bien commode, aussi y trouve-t-on mélangés touristes et Thaïlandais urbains. L’île, qui se présente comme un T de 13 kilomètres², a néanmoins su préserver son naturel. Végétation dense malgré un climat plutôt sec, sable fin, variations infinies des bleus, l’essentiel est assuré sans aménagements balnéaires gênants. Il faut dire que les habitants de la capitale, lorsqu’ils viennent là, aspirent à échapper un peu au tumulte et à grignoter tranquillement des fruits de mer et du durian. Ils font cela sur les plages équipées de la côte orientale, comme l’annulaire Ao Wong Duean, ou encore Hat Sai Kaeo. Bien sûr, on n’est jamais tout à fait en paix, mais un effort est fait. Et puis, en semaine, on est retourné travailler et sur la plage abandonnée…

Koh Samet

Olivier Romano

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Koh Kut

Virement de bord, Koh Kut se trouve dans l’est du golfe de Thaïlande, en vue du Cambodge. Les activités traditionnelles, pêche et collecte des noix ce coco, y suivent leur cours, pas encore bousculé par un développement hôtelier qualitatif et discret. Bref, le rêve. Pour se déplacer sur les pistes, on loue un scooter. Qu’il faut abandonner fréquemment, soit pour rejoindre la plage, soit parce qu’une végétation très luxuriante et dense empêche la circulation. On marche alors, jusqu’au sable ou aux cascades. Des jolies plages immaculées, on vous indique - sans la localiser - Secret Beach, et, pour un coucher de soleil Technicolor, Ao Noi, au centre de la côte occidentale.

Koh Kut

tuayai/stock.adobe.com

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Koh Phra Thong

Koh Phra Thong - province de Phang Nga - est une terre sans relief marqué, vaguement bosselée, qui étire huit kilomètres de plage quasi continue sur la mer d’Andaman. Le froissement du ressac a ici une longue persistance. On marche, puisque c’est plat. Et, dans l’intérieur, on tombe sur une savane, un pan d’Afrique égaré en Asie. Pour sortir en mer, le canoë fait une embarcation assez idéale. A la pagaie, il est même possible d’approcher les oiseaux qui peuplent par milliers les mangroves de la côte est. On voit passer les bateaux des pêcheurs thaïs ou ceux des Moken, nomades de ces mers. Les eaux de l’île recèlent des spots de snorkeling épatants. Un peu plus de sensations subaquatiques ? Les plongées dans le Mu Ko Surin National Park s’effectuent sur des récifs coralliens d’une étonnante vigueur.

Koh Phra Thong

Khemthong Decha/stock.adobe.com

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Koh Yao Noi

La légende affirme que le chenal séparant Koh Yao Yai et Koh Yao Noi, les deux îles principales de l’archipel des Koh Yao, dans la baie de Phang Nga, serait la trace d’un combat entre dragons marins. On est loin aujourd’hui de cette empoignade mythologique et loin encore de l’électricité festive qui alimente les grands sites touristiques : Koh Yao Noi se distingue par une atmosphère tranquille. Elle est une aubaine pour ceux qui ne souhaitent pas passer leur voyage en Thaïlande la tête dans le bucket. Les paysages y sont ceux dont rêvent les voyageurs, avec la touch of magic du naturel, d’une infrastructure présente en filigrane. On fait plouf, on prend des bains de soleil, on se balade à marée basse, on admire au large les formations karstiques, on met un masque pour surprendre les poissons, on fait du yoga, on prend l’éden du bon côté.

Koh Yao Noi

Frank Heuer/LAIF-REA

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Koh Similan

L’archipel des Similan se trouve dans la mer d’Andaman, au large de Thap Lamu (d’où partent les bateaux). Onze îles le composent dont, la plus grande, numéro huit, Koh Similan. Il est possible d’y débarquer, pour apercevoir un varan malais ou un macaque crabier. Cependant, le principal n’est pas là. Le principal est sous l’eau : l’archipel - parc national marin - est l’un des plus beaux domaines de snorkeling / plongée d’Asie du sud-est. Coraux de toutes formes, textures et couleurs, anémones, éponges, coquillages, crustacés, et poissons en foule. On ouvre grand les yeux derrières le masque quand un baliste titan s’avance à travers le fretin multicolore ; plus grand au passage d’une tortue verte ; on n’ose pas trop regarder si passe un barracuda, il a vraiment une gueule de voyou ; on cligne au chromatisme de fête foraine des poissons anges ; et qu’approche un requin baleine, c’est la grande émotion.

 

Par

EMMANUEL BOUTAN

 

Photographie de couverture

OLIVIER ROMANO