Winter Wonderland À Londres, réinventer l’hiver

Rares sont les lieux qui crient "hiver" et "fêtes de fin d'année" comme la capitale des Anglais. Car pour taquins qu'ils soient parfois, les British savent célébrer cette saison comme personne. Au réveillon, après avoir cassé son cracker et coiffé sa couronne de papier, on se repaît d'une dinde (ou autre oiseau) farcie, de christmas pudding et on déballe avidement ses cadeaux… avant d'enchaîner, le jour suivant, avec le Boxing Day (sorte de Black Friday d'outre-Manche). Et parce que les Anglais aiment tant Noël et l'hiver, ce dernier joue chaque année les prolongations. Le top départ est donné dès la mi-novembre – voire dès le début du mois si vous souhaitez assister à la Guy Fawkes Night. Progressivement, les christmas markets déplient leurs étals, les sapins poussent çà et là (celui de Trafalgar Square mesure plus de 20 mètres !). Le tout Londres se promène avec un chocolat chaud fumant – with marshmallow and cream please – à la main et se goinfre de minced pies devant un film de Noël signé Hallmark. Dans les rues, les grands magasins inaugurent enfin les décorations méticuleusement préparées pendant l'année. Et puis, il ne fait jamais vraiment nuit : si le jour décline vers 16h, des illuminations explosives prenent le relais du soleil aux quatre coins de la ville. Les paquets déballés, la ferveur glisse doucement vers le New Year's Day avec, le 1er janvier, la London Parade défilant de Picadilly Circus au Parlement. Fin janvier, la Burns Night, évènement phare du calendrier écossais, est l'occasion parfaite de s'adonner à une dégustation de whisky dans l'un des pubs londoniens. Février, enfin, sonne l'heure du Carnaval de Notting Hill, du Nouvel An chinois (particulièrement célébré ici) et de la Saint-Valentin bien sûr. En hiver, Londres est une fête.

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Embarquement à bord de l'Eurostar. Next stop : l'hiver. À la gare d'arrivée, un chauffeur privé vous attend. La déception qu'il ne s'agisse pas d'un black cab est grande ? Don't worry : l'un de ces mythiques taxis noirs vient vous cueillir en fin de journée. Derrière le volant, David, français expatrié, chauffeur-guide de son état, connaît la capitale comme sa poche. Le véhicule file à travers Piccadilly, Soho, Mayfair – des quartiers qui, le jour déclinant, s'éclairent de mille feux à la faveur d'une ribambelle d'illuminations. Le lendemain matin, direction Winter Wonderland. Dès la mi-novembre, ce gigantesque village de Noël prend ses quartiers à Hyde Park. Grande roue, carrousel et cabanes à douceurs : les classiques répondent présent. Le festival va toutefois bien au-delà, étant doté d'un ice kingdom avec sculptures surréalistes, d'un cirque ou encore d'un toboggan de glace. Le midi, votre table est réservée dans l'un des établissements de Yotam Ottolenghi. On ne présente plus le chef dont le livre se retrouve dans toutes les librairies. Et si celui-ci, israélien d'origine, n'a pas grandi avec tout le fuss (agitation) autour des fêtes de Noël, il se plie volontiers à l'exercice – et à l'engouement général. En soirée, rien ne vaut l'une des plus célèbres pièces de la scène londonienne : The Mousetrap, un "whodunit" palpitant. Le show étant populaire, vos billets sont déjà bookés. La journée suivante est aussi pleine de promesses. Elle débute par une Christmas Walk de Mayfair à Piccadilly. Alors oui, vous avez déjà exploré ces quartiers en black cab. À pied, on se glisse toutefois dans des endroits inaccessibles en voiture. Dans les allées des christmas markets ou devant les vitrines éclairées des grands magasins par exemple. Venu l'hiver, fleuristes, librairies et autres établissements rivalisent d'ingéniosité pour émerveiller les potentiels clients. Sollicité de toutes parts, on peine à honorer en temps et en heure sa réservation à Covent Garden. À Noël, l'un des restaurants qui y est installé met les bouchées doubles – dans tous les sens du terme. Avec une légende pleine de givre en guise d'inspiration, la décoration et le menu font la part belle aux fêtes. Dernier jour – déjà. Impossible de repartir sans avoir foulé la patinoire éphémère de Somerset House, vous avez donc là encore les billets en poche. Bonnet vissé sur la tête, mains gantées tendues devant soi, l'ambiance est au badinage. Pour trinquer au dernier soir, direction un bar à cocktails qui ne désemplit pas à l'heure des fêtes. Et pour cause : le fond est aussi soigné que la forme avec des cocktails signature (le Christmaspolitan par exemple) servis dans des tasses – et un cadre – on ne peut plus festifs. Si "the devil is in the details" (le diable est dans les détails), Santa aussi.

Votre townhouse londonienne

La façade ne dit rien des frasques qui vous attendent en intérieur. Notons tout de même que l'on se situe à côté de Selfridges et de Marylebone High Street, dans le quartier du même nom, avant de passer la porte. Derrière, les murs ont opté pour le rouge écarlate – il fallait au moins ça pour se rendre visible, les cloisons apparaissant pour le moins chargées : tableaux, bibliothèques, horloge géante et diverses babioles exotiques dans des vitrines. C'est simple : il y en a jusqu'au plafond. Les connaisseurs reconnaitront le style du Sir John Sloane's Museum comme source d'inspiration. Installé dans l'ancienne maison de l'architecte, ce musée éclectique expose tableaux, meubles, artefacts archéologiques – you name it. Retour à l'hôtel. Les vingt-quatre chambres sont déployées autour d'un escalier en spirale avec, au dernier étage, un appartement prolongé par une terrasse ornée d'une baignoire sur pied (à ce stade, plus rien ne peut surprendre). Dans les espaces privés, d'épais lits à baldaquin surmontés de par-dessus aux couleurs de l'Angleterre – ou carrément de l'Union Jack. Les gramophones et lourds rideaux passeraient presque inaperçus. Au rez-de-chaussée, le parlour n'est pas pour manger – ou alors seulement quelques bouchées histoire de ne pas encaisser les cocktails le ventre vide. Le tout Londres vient siroter ces breuvages inspirés. Sans surprise dans un cadre aussi British, l'afternoon tea a ici valeur d'institution. On se plie volontiers à l'exercice.
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