Turquie

Farniente gypset en mer Egée

Farniente gypset en mer Egée

Deux secrets biens gardés de la mer Egée, côté turc et côté grec, pour une retraite bohème à Alaçati, et une échappée nature à Chios, mer étale comme horizon

 

Posé sur la péninsule de Çesme, sur la côte égéenne, Alaçati (prononcez « Alatchateu »). Son charme tient dans ses ruelles sinueuses, ses maisons blanches, étincelantes face à la mer turquoise : un air méditerranéen qui fait penser à la Grèce – pas vraiment étonnant : jusqu’au début du XXème siècle, sur 13 000 habitants, Alaçati comptait 10 000 grecs (contraints à l’exil lors de l’échange de population entre la Grèce et la Turquie en 1923, il sont partis s’installer en face, sur les îles grecques). On aime ses ruelles pavées, ses maisons aux portes pastel, fleuries de bougainvillées et de lavandes. Le village a longtemps vécu de la culture de la vigne et de l’olivier, il est désormais le refuge branché – et jalousement gardé – des Stambouliotes. Ici, chaque été, les athlètes se disputent les vents sur les eaux de la mer Egée, lors de la coupe du monde de windsurf. A leur suite, des jeunes stambouliotes ont décidé de ne plus repartir une fois le week-end terminé, et se sont installés là, pour ouvrir des hôtels de charme, des galeries d’art ou des restaus. A l’image de ce couple originaire d’Istanbul, un temps exilé aux Etats-Unis et qui a acheté quelques hectares de vignes, pour les convertir en culture bio. Tout cela aurait pu dégrader le charme de l’endroit – il n’en est rien. Volets bleus fermés sur les murs à la chaux des maisons, Alaçati se lève tard. On se balade dans les rues encore endormies, croisant seulement quelques chats égarés. Un café en terrasse, le village s’éveille doucement : en face de l’ancienne église orthodoxe reconvertie en mosquée, une vente à la criée de poissons encore frétillants, tout juste pêchés. Un peu plus loin, les magasins d’antiquités ouvrent leurs portes, où l’on chine de la jolie vaisselle de porcelaine émaillée. Un saut à la plage. Un déjeuner assis autour d’une grande table de bois, dans une vaste cour, sous le figuier aux senteurs sucrées : artichaut braisé, fleurs de courgettes farcies de menthe, figues fraiches à l’orange à base de légumes des maraîchers voisins, et d’herbes aromatiques cueillies dans la campagne environnante – et l’impression d’être à la maison. Douce sieste au bord de la piscine, on retourne à la plage en fin d’après-midi. Le lendemain, à peine quelques miles marins en ferry et on débarque sur le sol grec. Chios, l’anti-île grecque – pas de blanc ni de bleu, mais des villages de pierre dorée. Le paradis de l’écotourisme : l’île vit moins du tourisme que de la culture traditionnelle du mastiha – résine récoltée en larmes pour ses propriétés thérapeutiques ; et partout, on sublime les produits du terroir.